J’ai fait un épisode de podcast complet là-dessus et j’ai aussi produit un outil pour vous aider à planifier l’apprentissage d’une pièce. Toutefois, si vous avez tendance à « jouer et on verra », donc travailler en réagissant à ce qui se passe sur le moment plutôt qu’en planifiant votre démarche, il est possible que le côté très cartésien (et l’ampleur) de la stratégie que je propose dans les liens donnés plus haut vous semble trop éloigné de ce que vous faites normalement.
Je vous propose donc une séquence à expérimenter sur une période de quelques jours pour vous amener tranquillement à travailler d’une façon plus proactive que réactive.
Une première étape consisterait à définir à quel endroit de la partition vous commencez à jouer et à quel moment vous arrêtez (Je vais jouer de la mesure X à la mesure Y) sans continuer à jouer après, et de répéter ce passage quelques fois. De cette façon, vous aurez au moins la chance de répéter activement un passage précis et de l’améliorer plutôt que de survoler constamment de grands passages de la partition.
La deuxième étape serait de choisir un critère mesurable de l’atteinte de l’objectif. À ce sujet, il faut éviter les expressions comme « à l’aise » ou « avec assurance » qui sont trop subjectives. « Réussir les mesures X à Y, trois fois de suite » va vous amener à compter vos réussites et vos échecs, et à considérer l’objectif atteint en fonction de critères plus clairs que celui « d’être à l’aise ». De toute façon, je vous assure qu’en travaillant de cette façon, vous serez plus rapidement « à l’aise » avec le passage.
Puis, vous pourriez définir un tempo précis, peu importe le tempo. J’ai traité ce sujet abondamment dans un épisode précédent du podcast. Malgré ce dont je traite dans cet épisode, je préfère de loin une séance de travail avec des tempi définis, même si ces choix de tempo ne sont pas optimaux, qu’une séance de travail sans aucune intention claire à ce sujet. Rendu à ce point, vous travaillerez en visant, par exemple, de « réussir la mesure X à Y, 3 fois de suite, à un tempo de 84 à la noire ». Ce genre d’objectifs se note bien dans un journal de bord de pratique (sujet du prochain blogue), ce qui est idéal. Toutefois, si vous préférez encore établir vos objectifs dans votre tête au fur et à mesure, votre travail sera quand même plus efficace qu’avec l’objectif « Je vais jouer et on verra ».
Toujours dans la perspective que la démarche très détaillée que je propose vous semble difficile à appliquer, j’ajouterais en guise de cerise sur le sundae que vous pouvez désormais ajouter à vos objectifs de travail un élément particulier sur lequel porter votre attention (respiration, phrasé, position du bassin, nuances, etc.), ou une stratégie de mémorisation particulière (en disant le nom des notes, main gauche seulement, les yeux fermés, etc.). Ceci constitue un idéal, et votre travail sera vraiment plus efficace si vous prenez la peine d’organiser aussi cet aspect de votre travail. Cela dit, n’importe quelle des étapes précédentes vous aidera à être plus efficace, et vous pouvez très bien y aller à votre rythme.
Cette façon de travailler, je l’enseigne depuis des années, et j’entends aussi depuis des années certaines critiques (la plupart du temps avant de l’essayer… grrrrrr…) : ça peut sembler effectivement « très (trop) organisé » et oui, on peut se sentir davantage comme un « banquier plutôt que comme un/e artiste » quand on entreprend cette démarche. Je suis d’accord que la démarche est très (très) cartésienne. Toutefois, je me permets de conclure en réitérant ce que je considère être le principal avantage de travailler ainsi: plus tôt ce travail de type « banquier » est complété, plus tôt le travail de type « artiste » pourra commencer. Vous pourrez alors vous approprier la pièce et vous pourrez la jouer dans le vrai sens du terme.
Merci de bons conseils. 👍
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Merci pour vos bons mots!
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