Je m’excuse par avance de l’affirmation suivante : nos cerveaux sont un brin stupides…
Avez-vous déjà été perdu dans vos pensées en imaginant une conversation difficile à venir avec quelqu’un et vous réalisez avec surprise en revenant à la réalité que vous êtes tendu, avec le cœur qui bat plus fort et les mains moites ?
Notre cerveau, une merveilleuse machine à bien des égards a parfois beaucoup de difficultés à différencier ce qu’on imagine de ce qu’on vit réellement. Même si ce n’est pas son principal atout (être dans la lune avec le corps qui réagit à l’avance comme si on était déjà pendant la conversation difficile), nous pouvons quand même en bénéficier.
Ce qui est bien avec notre cerveau un brin stupide, c’est qu’il ne fera pas une grande différence entre jouer une pièce pour vrai sur notre instrument et s’imaginer en train de le faire. En fait, visualiser notre jeu d’une pièce dans notre tête ferait appel aux mêmes zones du cerveau et aux mêmes processus cognitifs que le jeu physique de l’instrument. C’est un peu comme si, en visualisant l’exécution de notre pièce, le cerveau s’entrainait à traiter les informations mémorisées et à envoyer les mêmes commandes aux muscles comme si on jouait pour vrai. Tout ce qui manque est la réponse musculaire. Un chef d’orchestre qui répète sans orchestre !
Idéalement, on devrait utiliser cette stratégie lorsqu’on a développé une bonne maîtrise de la tâche à visualiser. Donc, dans le cas des musiciens, quand on connaît assez une pièce pour pouvoir s’imaginer la jouer, et ceci est rarement possible après les premières lectures. Il faut donc avoir fait un bout de chemin dans la pièce pour bien profiter de cette stratégie.
Pour faire de la visualisation, il suffit de se concentrer et d’imaginer ce qu’on verra, pensera et ressentira, alors que la musique joue dans notre tête. Ce qui est merveilleux, c’est qu’on peut utiliser cette stratégie n’importe où (à éviter pour lors de premiers rencarts, soupers d’amoureux ou conversations avec belle-maman), et qu’elle sollicite activement des informations traitées par les mémoires visuelle, auditive et conceptuelle. Ces trois mémoires sont souvent négligées au profit de la mémoire motrice qui est surutilisée. Enfin, un autre avantage (fait vécu très souvent !) est de réaliser pendant ces visualisations que quelque chose cloche dans notre mémorisation, ce qui est toujours préférable au fait de réaliser ceci sur scène. Bonjour le retour des mains moites et du cœur qui bat fort dans ces cas-là !